CHUTE – Attention à la Chute
La chute, un fléau senior
« J’ai fait une chute toute bête » : nous avons tous et toutes dit ou entendu dire cela à maintes reprises. En ce qui concerne les séniors, cette chute est bête et…, méchante, très souvent ! Sa gravité et ses conséquences sont largement sous-estimées : pourtant ce fléau sénior peut conduire à la dépendance ; dans des cas extrêmes, la chute est mortelle.
On différencie 3 sortes de chutes !
- la chute dite « lourde », perte d’équilibre associée à un choc violent au sol.
- la chute dite « molle », amortie par le réflexe du sénior qui s’est retenu à un meuble ou à un mur avant de tomber.
- la chute dite « syncopale », provoquée par une perte de connaissance ; elle exige alors des investigations pour en connaître la réelle cause médicale.
Les causes de la chute sénior : la chute attend le sénior au moindre tournant de ses failles : fatigue, arthrose, diminution de la masse musculaire, fragilisation de l’ossature, moindre résistance, perte de réflexe, perte d’équilibre, prise de médicaments, maladies, dépression…
Où risque-t-on de tomber : dans un cas sur cinq, on tombe après avoir trébuché sur un obstacle. La moitié des chutes ont lieu à domicile, lors d’activités ménagères, d’un déplacement dans la maison,-sur une surface huileuse, un carrelage humide- au lever d’un lit, d’une chaise, en entrant ou sortant de sa baignoire .… Les chutes à l’extérieur ? On rate la marche du trottoir, on butte sur un dénivellement du sol, on loupe une marche d’escalier, on dérape sur un sol glissant, verglacé, on court après un bus …
La prévention : les meilleures pistes pour prévenir les chutes restent :
- l’activité physique modérée -à son rythme- qui réduit l’obésité, maintient la masse musculaire, prévient de nombreuses maladies cardiovasculaires, ainsi que l’ostéoporose.
- un régime alimentaire protéiné, avec présence de calcium et de glucides, une hydratation régulière.
- la sécurisation du domicile ! Au début les petits aménagements suffisent : enlever du passage tous ce qui peut gêner la marche -fils électriques, boites de rangement, tapis, installer des barres d’appui aux endroits stratégiques, acheter un aspirateur sans fil…. ! Des mesures plus importantes et coûteuses peuvent s’imposer plus tard : pose d’un revêtement antidérapant dans la salle de bain et la cuisine, remplacement d’une baignoire par une douche sécurisée, pose d’un monte-escalier.
- une attention accrue : accomplir les mouvements de manière non hâtive, prendre son temps, regarder où on met les pieds, se chausser de manière confortable, sélectionner des vêtements faciles à enfiler et à retirer, apprendre à se redresser quand on est au sol, faire des exercices d’équilibre.
«Bien » chuter :
- Protéger la tête en priorité ; comment ? Dans la mesure du possible, rentrer le menton dans le torse, tourner la tête sur le côté, ramener les bras au-dessus ; les placer devant en cas de chute en avant et derrière en cas de chute en arrière.
- Essayer de garder les bras et les jambes légèrement pliés pendant la chute, tenter de tourner le corps pour atterrir sur le côté.
- S’exercer chez soi à se relever : plus la personne âgée reste longtemps au sol suite à une chute, plus les conséquences sur sa santé ; une incapacité à se relever représente un facteur prédictif de nouvelles chutes !
Les conséquences de la chute
Le choc qui atteint la tête est sans doute le plus redoutable. Viennent les fractures, sérieuses aussi, chez une personne âgée : elles peuvent réduire l’autonomie, voire même, provoquer une perte totale de celle-ci. La fracture du fémur est la plus fréquente, car il forme un angle assez fin et fragile juste avant de s’emboîter dans l’os de la hanche. Celle des genoux est souvent invalidante pendant longtemps.
Plus vite les services d’urgence interviendront dans la prise en charge d’une chute, moins lourdes seront les conséquences et séquelles. En attendant le patient doit prendre la position qui lui semble la moins inconfortable.
La récidive
Après une chute, le risque de tomber à nouveau dans la même année est multiplié par 20, car intervient le syndrome post-chute de l’appréhension qui s’installe et l’insécurité reste permanente, notamment pour les personnes qui ont réalisé qu’elles ne pouvaient pas se relever seules.
Fracture du col du fémur, un classique redouté – EXTRAIT DE LIVRE – « VIEILLIR je.. tu.. il.. nous… » sous la direction de Anne Meignien et de Philippe Cramer : « La fracture du col du fémur, bien connue, est une complication fréquente et redoutable. Elle entraîne une douleur au niveau de la partie externe du haut de la cuisse ou au niveau de l’aine, une déformation du membre inférieur (raccourcissement et rotation externe) et l’impossibilité ou la difficulté à mobiliser le membre inférieur. La fracture du col du fémur est une urgence médicale et la personne doit être conduite aux urgences en ambulance. Là, si le diagnostic est confirmé par la radiographie du bassin, l’opération aura lieu dans les heures qui viennent. »
« La radiographie du bassin peut aussi être parfois trompeuse quand le trait de fracture ou la déformation ne sont pas visibles. C’est un scanner de la hanche qui permettra alors de faire le diagnostic ».
SÉNIORS CONNECTÉS, par bracelets et colliers
La première montre-bracelet connectée apparaît en 1998 : lorsque qu’une personne chute, seule chez elle, sans pouvoir se relever ou prévenir qui que ce soit, il lui suffit d’exercer une pression sur le bouton dont le bracelet est équipé pour être reliée à un opérateur qui se charge de faire intervenir le secours nécessaire. Il existe aussi une version portée en collier. Cette télé assistance évite que les chutes aient de trop lourdes de conséquences chez les séniors fragilisés.
Ce dispositif permet aussi de communiquer avec ses proches en cas d’alerte. Il existe deux options :
appareil à l’inter-activité limitée à la maison et jusqu’à 100 m alentour,
appareil muni d’un système de géolocalisation actif dans toute la France.
Ce type de technologie a évolué vers des méthodes encadrant les personnes âgées de manière préventive. Le système est capable de détecter des changements d’habitude ou des comportements inhabituels critiques du sénior et de les signaler à l’équipe de télé assistance.
Plusieurs autres options sont aujourd’hui proposées dont celle munie d’un bouton d’appel avec détecteur de chute lourde qui permet d’alerter le plateau de télé assistance quand il y a perte de connaissances ou incapacité à parler.
Sous conditions d’âge et de degré de dépendance (GIR), les personnes âgées peuvent bénéficier d’une allocation personnalisée autonomie (APA) pour s’équiper d’objets connectés.
TÉMOIGNAGES
Guislaine, 80 ans, 28 avril 2022
« En juillet dernier, il pleuviotait, j’avais mon téléphone en main, j’ai glissé sur une plaque ronde d’aération ; je me suis retrouvée à terre, le genou coupé en deux par la barre de fer de la plaque. Je me suis littéralement trainée jusqu’à une pharmacie qui était tout près de là car il m’était impossible de tenir debout ; on m’a assise sur une chaise et on appelé les pompiers ; j’ai été transportée en brancard à l’hôpital où j’ai attendu de 12H30 à 23 H sans boire ni manger ; j’avais prévenue ma fille qui ne pouvait pas entrer dans la salle où attendaient comme moi, en urgence, environ 50 personnes. Finalement on m’a fait une radio -rotule cassée en 2-puis on m’a attribué une chambre où je suis restée jusqu’au lendemain sans boire ni manger, car on ne savait pas s’il faudrait opérer. Je ne souffrais pas trop car je restais le plus possible immobilisée.
L’intervention a consisté en un cerclage en fer autour de la rotule et pose de broches -on ne sait pas si on les retirera ou non- ; quelques semaines d’attelle, puis marche avec canne durant quelques mois ; et mon genou reste endolori 9 mois après ; une douleur sans grande intensité mais constante ; je ne marche jamais longtemps car de temps à autre j’ai l’impression que mon genou me lâche, que ma jambe ne suit plus, qu’elle se voûte.
Récemment on m’a ordonné une injection d’acide hyaluronique pour éviter que les tendons n’adhèrent aux broches, d’après ce que j’ai compris.
J’ai pris rendez-vous avec un chirurgien pour savoir si une nouvelle intervention est nécessaire. Quel sort me réserve cette consultation ?
Cette chute gâche mon quotidien depuis des mois et je ne sais pas encore quelle sera l’issue de cette mésaventure. »
B.T., 66 ans 29 avril 2022
« Il y quelques jours, je suis tombée en courant pour attraper un bus ; je me suis protégée avec les mains et c’est le genou qui a pris ; j’ai eu très mal si bien que je suis restée allongée pendant trois jours, par précaution, puis ça a passé, plus de peur que de mal ! »
Marie-Claude Eyraud 77 ans, 3 mai 2022
« Je faisais mes couses, à Paris, aux Abbesses, mon sac en bandoulière et un autre sac, léger, à la main ; il y avait un monde fou ; j’ai voulu descendre sur la chaussée pour rejoindre le chemin piéton et j’ai mis les pieds dans le trou que formait un pavé manquant. La douleur fut atroce ; malgré tout je suis rentrée en bus avec ma fille qui m’accompagnait. C’était un jeudi ; j’ai contacté mon généraliste qui ne m’a donné RV que le lundi suivant ; je marchais avec beaucoup de peine et de douleur, sur les fesses, le plus souvent. J’ai vu un ostéopathe qui m’a dit simplement de patienter car je ne pouvais pas être opérée au vu de mon âge ; un orthopédiste, beaucoup plus alarmiste m’a ordonné une IRM, a constaté une fracture nette, non déplacée des épines tibiales et m’a confirmé que l’opération n’était pas envisageable. Voilà trois mois que j’use de la patience à laquelle je suis condamnée, que je souffre, en attendant que ça se « ressoude » ; et l’ambiguïté c’est que marcher me fait mal mais je dois marcher pour que le muscle ne « fonde » pas ; on me fait des infiltrations dans ce but ! J’ai toujours beaucoup de mal à me déplacer et, depuis ma chute, je ne regarde que mes pieds tellement je me sens en insécurité ! On me dit que j’en ai encore pour 2 ou 3 mois … J’aurai payé cher mon petit shopping aux Abbesses ! »