DENTS – Des Dents saines pour sourire
Les dents ne sont pas le sujet le plus agréable à aborder, mais, dès l’été abandonné, les soins préventifs doivent reprendre leur rythme de croisière, pour ne pas les laisser jouer de sales tours
- Sur le plan de l’esthétique : une bouche édentée ou malsaine se prive de sourire, l’expression la plus séduisante du visage !
- Sur le plan physique : la mastication effectuée par les dents et la salive est la première étape du processus de digestion, capitale pour l’état de santé général.
- Sur le plan de la douleur : la rage de dents est souvent décrite comme l’une des plus intenses que l’on puisse subir.
« Un jour sans sourire est un jour perdu » Charlie Chaplin.
La surveillance active de la dentition concerne absolument tout le monde : 2 visites par an chez le dentiste font partie des devoirs médicaux figurant sur votre liste de bonnes intentions de rentrée ! Tout comme en font partie la visite annuelle, chez l’urologue (prostate oblige), pour les hommes et le rendez-vous annuel chez le gynécologue, pour les femmes -avec mammographie tous les 2 ans ou, tous les ans, si elles ont des antécédents familiaux de cancer du sein-.
La visite préventive chez le dentiste consiste en : 1–un détartrage destiné, comme son nom l’indique, à éliminer le tartre accumulé autour et sur les dents. 2–une investigation destinée à déceler l’éventuelle présence d’infection des gencives ou des dents (présence de caries), une usure des obturations, une tenue aléatoire des prothèses dentaires et, tout signe inhabituel.…
C’est grâce à cette régularité des visites qu’une carie sera traitée avant qu’elle n’entraîne de fâcheux dégâts qui peuvent conduire à l’extraction. Attention les caries n’occasionnent pas systématiquement de douleur en phase initiale mais peuvent déclencher une rage de dents à un moment plus avancé de leur évolution sans crier gare : elles exigeront alors des traitements plus séreux. Pour établir un diagnostic, le chirurgien dentiste peut s’aider de radiographies, sans danger, car elles ne nécessitent que de très petites quantités de radiation, limitées à des endroits ciblés. Pour compléter l’examen, seront examinées l’état de la langue et du palais, de l’intérieur des joues.
Puis le questionnaire sur l’état de santé général clôturera la séance : les saignements causés par des gingivites et parodontites peuvent faire passer des bactéries dans la circulation sanguine et être à l’origine de maladies cardiovasculaires ou AVC !
Finie la peur du dentiste : les dents ont deux rôles adoubés d’une connotation, la douleur : « mon premier c’est sourire, mon second c’est nourrir, mon troisième c’est souffrir ». Le Dr Ethan Ayache, chirurgien dentiste, -que nous interviewons aujourd’hui- considère que l’association de la douleur à la visite chez le dentiste est révolue puisqu’au moindre risque de douleur, une anesthésie est systématiquement pratiquée. Il faut ajouter que le patient peut se sentir détendu dans des cabinets confortables, ergonomiques, où l’hygiène est irréprochable. Il est également rassuré de pouvoir constater lui-même sur radio ses problèmes et comprendre les différentes solutions envisageables par le praticien pour soigner ou dévitaliser des dents cariées ou cassées et remplacer des dents manquantes. Le choix lui appartient, souvent en fonction de son budget, car, celui qui souffre encore chez le dentiste, c’est bien le porte-monnaie.
Mais une bonne hygiène dentaire et une bonne prévention devraient faire drastiquement diminuer le nombre de patients arrivant édentés chez le praticien.
Merci au Dr Ethan Ayache de s’associer à l’action de VIVE-LES-SENIORS
–santé senior durable, lutte contre la dépendance senior-
en lui accordant cet interview/conseil sur la santé des dents seniors ! Le Dr Ayache insiste sur la prévention salvatrice, propose et commente les soins à réaliser sur des dents cariées et les différentes solutions pour remplacer les dents qui manquent à l’appel !
BROSSAGE DES DENTS : il est recommandé de se brosser les dents au minimum deux fois par jour et pendant au moins deux minutes, à l’aide d’une brosse, éventuellement électrique, mais à poils souples pour atteindre les zones difficiles d’accès, et préserver les gencives et l’émail des dents.
Recommandation : ne rien manger après le brossage du soir. Conseil : ne jamais utiliser d’eau chaude pour accompagner votre brossage, tiède à la rigueur si vous avez des dents sensibles.
Méthode : placer la brosse à dents à la jonction entre la gencive et la dente l’inclinant de manière à ce qu’elle forme un angle à 45° par rapport à la dent. Réaliser des mouvements du poignet avec la brosse à dents, à partir de la gencive jusqu’au haut de la dent ; répéter le même mouvement sur toutes ses faces – dents du haut, dents du bas, extérieur et intérieur.
Le nettoyage inter dentaire est indispensable à la santé des dents et des gencives : il existe aujourd’hui -plus maniables et donc plus efficaces que le fil dentaire ou le jet dentaire, les brossettes interdentaires, proposées dans des gammes très étendues : à vous de choisir celle dont la finesse correspond aux interstices qui existent entre vos dents.
Le bain de bouche donne bonne haleine, tout en éliminant les bactéries, mais on ne doit y avoir recours que sur de courtes périodes, par exemple après une extraction, car ces solutions buccales peuvent provoquer une coloration des dents, difficile à corriger. Elles peuvent aussi perturber le goût ou le microbiote buccal nécessaire à l’équilibre de la flore buccale et déclencher ainsi des mycoses.
PETIT LEXIQUE
TARTRE : il se forme sur les dents et les gencives à partir d’un dépôt constitué de protéines salivaires, de déchets alimentaires (sucre et acides) et de la multiplication des bactéries qui provoquent une densification de la plaque dentaire. S’il n’est pas éliminé par un détartrage régulier, le tartre, en adhérant à la surface des dents, peut entraîner une infection chronique. Les dents les plus exposées au tartre sont celles situées sur la face interne des incisives inférieures et la face externe des molaires supérieures.
BACTÉRIES : Micro-organismes vivants, unicellulaires, capables, à l’inverse des virus, de se reproduire seuls par division cellulaire -scissiparité-. Toutes ne sont pas dangereuses, seules les mauvaises bactéries, dites pathogènes, peuvent causer des infections et des maladies. Certaines bactéries même sont indispensables comme celles présentes dans le tube digestif permettant la digestion. Aujourd’hui, on dénombre environ 100 espèces pathogènes sur 5000.
DÉVITALISATION : quand une carie n’est pas soignée à temps, l’infection peut atteindre le canal radiculaire -la partie creuse de la racine de la dent qui contient le nerf et les vaisseaux sanguins.- L’intervention de revitalisation est alors souvent indispensable ! L’opération consiste à faire un trou au centre de la dent, sous anesthésie, puis à l’aide de limes, à atteindre les racines via les canaux, à retirer le nerf, à désinfecter l’intérieur de la racine et, enfin, à procéder à l’obturation des canaux avec une pâte antibiotique et anti-inflammation qui devrait bloquer définitivement toute infection bactérienne.
Attention, une dent qui n’est plus vascularisée est particulièrement sujette aux fractures et aux caries. Son état doit être vérifié régulièrement par un praticien.
CITATION « Menteur comme un arracheur de dent ». Cette expression date du XVIIe siècle ; les dentistes offraient alors leurs services sur les places publiques et dans les foires, en affirmant que le patient ne souffrirait pas. L’arracheur de dents est anciennement un métier de forain parfois accompagné de musiciens dont la fonction était de jouer le plus fort possible pour masquer les cris de douleur des patients. À Lyon, vers 1797, Laurent Mourguet, arracheur de dents, attire et distrait ses patients avec des spectacles de marionnettes. C’est ainsi qu’il va être amené à créer le personnage de Guignol, vers 1808.
Fameuse illustration de l’arracheur de dent en peinture par Caravage
PETITE HISTOIRE, GRANDS RITUELS
La médecine dentaire fait parti intégrante de la médecine ! Son histoire remonte à la préhistoire et les premières obturations dentaires sont faites en cire d’abeille. Les avancées scientifiques situent les bases de la médecine dentaire moderne au XVIII ème siècle : naissent d’abord les soins sous anesthésie -gaz hilarant, puis éther ou chloroforme- puis les rayons X qui permettent une meilleure exploration de la mâchoire et un véritable diagnostic. Ambroise Paré contribue à l’élaboration de nombreux traitements des dents : mise au point des ligatures entre dents pour les fractures de la mâchoire, expérimentation de la réimplantation de dents arrachées, confection et chirurgie d’implantation de simples prothèses dentaires fixes.
2024, une révolution ? Un robot dentiste piloté par une intelligence artificielle autonome a réalisé des premiers essais d’intervention sur un patient humain.
Même si les dents ont essentiellement une nature fonctionnelle, ces dernières étaient volontairement -dans de nombreuses civilisations- dénaturées pour devenir les marques d’une croyance, ou d’une appartenance à un culture, à un rang social, à une tradition. Elles furent :
- fracturées : notamment les incisives, -du néolithique jusqu’au XX eme siècle-, chez les aborigènes d’Australie, dans l’espace méditerranéen, en Namibie, en Éthiopie…sans doute pour des raisons cosmétiques, rituelles ou sociales.
- limées : à la puberté, les jeunes Balinais (garçons et filles) se soumettaient au rite du limage des dents. La personne la plus haut gradée d’un groupe religieux limait 4 incisives et 2 canines de sa mâchoire supérieure.
- noircies : au Japon, le noircissement des dents (ohaguro) date du premier millénaire. Il est pratiqué par les femmes et les hommes de la noblesse de cour, puis par les Samouraïs ; pendant l’époque d’Edo (1603-1868), il est synonyme d’érotisme pour les femmes soucieuses d’intensifier, par contraste, la blancheur de leur visage.
- dorées : 3 siècles av. J.C. on retrouve, dans des fouilles de la région d’Abu Dabi, des dents recouvertes de minces feuilles d’or . 1 siècle av. J.C., les Chinois utilisent des plombages en feuilles d’or très fines bourrées dans les trous des caries. Chez les Étrusques, entre 800 et 200 av. J.C., les femmes fortunées se faisaient enlever les dents de devant pour les remplacer par des décorations en or.