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DÉPRESSION – Isolement et Dépression

La dépression, le mal du siècle, touche tout particulièrement les seniors. Cette manifestation douloureuse du psychisme compte parmi  les difficultés qui atteignent le plus souvent leur moral.

Il y a de plus un effet boomerang entre la dépression et la maladie : la dépression peut dégrader l’état physique et, inversement, la maladie et/ou la douleur physique peuvent être source de dépression.

 

 

DÉTECTER LA DÉPRESSION

Il y a des jours « sans » et des jours « avec », ce sont nos états d’âme… Mais ces « sautes » d’humeur sont taxées de « maladives » dès lors que les jours « sans » l’emportent largement sur les jours « avec » et qu’ils ont une propension à s’étendre sur des périodes de plus en plus longues. Et l’humeur dépressive longue durée (tristesse et sentiment de vide), accompagnée d’une perte de capacité à éprouver du plaisir ou de l’intérêt, est qualifiée de dépression, quand elle est assortie de plusieurs d’au moins 3 autres symptômes parmi les suivants : difficulté de concentration, sentiment de culpabilité excessive et/ou estime de soi en berne, pessimisme face à l’avenir, troubles du sommeil, fluctuations de l’appétit et/ou du poids, grande fatigue et/ou perte d’énergie. Si des idées suicidaires s’invitent au triste scénario, il faut consulter en urgence.

Nul n’est à l’abri de la dépression qui « frappe au hasard : c’est une maladie, pas un état d’âme » Tahar Ben Jelloun.

Elle peut toucher à tout moment, pour différents motifs, parfois totalement inattendus : les motifs seniors récurrents sont l’isolement, la maladie et la douleur, le deuil. Le nombre de cas de dépressions seniors est majoré par le jeunisme vénéré par notre société avide d’immédiateté et de consommation, préoccupée par l’affairisme plutôt que par la solitude des seniors.   

“Notre société dite de consommation est le plus grand dépressif qui soit. Robotisés, nous ne nous en rendons pas toujours compte. Nous n’en avons pas le temps. » Wilfrchoid Lemoine 

Ajoutons aux contrariétés qui précipitent les dépressions seniors, une peine supplémentaire nommée l’automne, dont il faut se méfier, à en croire Diane Meur :“Rien de pire que de souffrir d’une dépression nerveuse en plein automne. L’automne est une circonstance aggravante”, ou encore Philippe Labro : “La dépression, c’est le novembre de l’âme, le décembre du désir. » Alors mettez le doigt sur la dépression avant qu’elle ne prenne le dessus et apprenez à l’apaisez : la dépression, ça se soigne !

 

 

 

ÉVITER ET/OU PALLIER LA DÉPRESSION  

  • « Il faut sortir, la lumière éveille » et réveille les sens et le métabolisme.
  • Voir un « PSY » : à l’âge senior les raisons de consulter un « Psy » ne manquent pas, l’isolement vient en chef de file.
  • Soigner son apparence pour préserver sa vie sociale, comme le fait entendre ce proverbe japonais « même le ventre vide, le samouraï se cure les dents » qui signifie que l’on doit soigner son apparence même en situation de précarité ou de mal-être. Traduction, adaptation et illustrations Izumi Kohama et Xavier Moulin.
  • Rire : « Le rire repousse le courant d’air de la déprime. Le rire éloigne les frimas de la dépression. Prends soin de réveiller ce petit cardiologue. Il réveillera ton coeur en toute saison de la vie. » Xavier Lacassagné
  • Lâcher prise : les marins savent le faire, qui, par forte tempête, baissent les voiles et s’enferment en toute étanchéité dans leur bateau jusqu’à ce que la tempête se calme : demain, après-demain… il fera jour ! Vous tous, quand un obstacle devient obsessionnel, baissez les voiles, trouvez moyen de tenir à distance le problème, de vous en désolidariser, de faire dos rond afin que les vagues n’aient pas de prise sur vous. Il faut aussi maîtriser  son affect pour éloigner les émotions négatives, ne jamais extrapoler ni entrevoir des conséquences néfastes aux contrariétés qui font partie de la vie ! Ne pas accorder d’importance capitale au problème, se servir de son imagination pour balayer dans sa tête toutes les solutions possibles, en restant persuadé que « la » solution existe, sans laisser aucune place au doute. Enfin, changer ses pensées en répétant des phrases positives : le cerveau sait s’en imprégner.`« Si nous savons qu’un obstacle est insurmontable, il cesse d’être un obstacle pour devenir un point de départ. »Jozef Eötvös

 

 

LEXIQUE

PSYchiatre ou PSYchologue pour les seniors ? Pour soigner une dépression, le senior est souvent contraint à un parcours médicamenteux long -donc suivi par un psychiatre-, la thérapie via un psychologue ne doit pas remonter aux maux, cristallisés, qui ont formé la personnalité du patient ; il est trop tard, les histoires d’un passé lointain sont trop enchevêtrées ; les traumas récents seuls seront abordés et demanderont un suivi plus court que celui qui serait dédié aux plus jeunes.

 

Ci-dessous, la dépression d’après Dany Boon

 

 

 

MOTS ET MAUX DE LA DÉPRESSION

Les habitudes et la routine  : certaines répétitions sont bénéfiques pour la santé physique et psychique du senior, elles sont même rassurantes mais il ne faut jamais en oublier les bienfaits de la fantaisie qui donne du piment à la vie. « Pour retrouver sa jeunesse, il suffit d’en répéter les folies. » Oscar Wilde. La routine est un souvent un écueil pour la santé du couple ! »

La retraite : pas de méprise, si l’heure de la retraite est la plupart du temps vivement souhaitée, il n’empêche qu’il faut du temps pour se déprendre d’un « rôle » social et de l’identité qui lui était consubstantielle. Peut-être ce « rôle nous hante-t-il à jamais. » Didier Éribon. Il faut en tous cas s’attendre à une phase d’adaptation : tout un pan de la vie fait place à un vide, sur le plan de l’activité comme du relationnel : il faut combler ce vide sans choisir le canapé/télé comme seul substitut.

La procrastination : le senior doit construire un rempart contre la procrastination, éviter de remettre à plus tard les gestes du quotidien (faire sa toilette ou son lit, mettre à jour ses papiers, faire ses courses, ranger ses placards ou même recoudre un bouton, passer un coup de fil urgent). Le cerveau mettait trois semaines à ritualiser et rendre automatique une tâche. Alors, seniors, ritualisez…. ces tâches fastidieuses, pour économiser de l’énergie en les faisant automatiquement, sans réfléchir : quand ces automatismes ne génèrent plus d’interrogation, qu’ils sont intégrés à la vie, on ressent un soulagement et une sensation du devoir accompli qui renvoie une image positive de soi.

L’ostracisation : conséquence du bannissement d’un groupe, celui des moins des 60 ans, l’ostracisation senior est en majeure partie due au jeunisme qui sévit dans le mode sociétal contemporain et qui met à l’écart 22% de la population, les seniors. Il est grand temps de réhabiliter l’intergénérationnel et de revaloriser le « rôle » du senior dans la société.

La tristesse : état affectif pénible et durable, associé à des sentiments de désespoir, de chagrin, de déception, avec une impuissance à la surmonter. La conscience est happée par une douleur morale qui empêche de se réjouir de quoi que ce soit ou presque. La tristesse  peut se manifester par des pleurs, un manque d’appétit et/ou de vitalité. Elle est souvent liée à un sentiment de perte d’une chose, d’une situation -passage à la retraite-, d’un état,-perte de capacités physiques à mesure que nous vieillissons-, d’une personne qui nous est chère. Pour calmer la tristesse, il faut essayer d’occuper son esprit par des actions inspirantes, artistiques qui génèrent des émotions : musique, art, lecture. Il faut aussi savoir se familiariser avec son chagrin, s’occuper de soi, sortir et voir des amis, profiter de leur affection et, également de celle -qui ne demande pas de retour- d’un animal de compagnie. Se « faire des films », se plonger dans des situations heureuses.

La solitude n’est pas une maladie, mais plutôt le symptôme d’une difficulté à s’adapter à son environnement. Elle peut résulter d’un problème de santé mentale préexistant ou d’une rupture, qui laisse place au repli sur soi plutôt qu’à la colère ; ce moment de tête à tête avec soi-même est l’occasion de se poser les bonnes questions, de mettre des mots sur le chagrin. La personne qui souffre de tristesse devient moins active, ce qui crée un déconditionnement à la fois sur le plan physique, mental et social et augmente le risque de trouble mental courant, comme la dépression, l’anxiété ou la fatigue. 

 

À voir ci-dessous, le Dr Gérault nous parle de l’isolement qui mène à la dépression :

 

 

LE DEUIL, GÉRER L’INGÉRABLE

Certaines choses peuvent être changées, d’autres, ne peuvent pas l’être ! « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être, mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre ». Cette citation de Marc-Aurèle prend tout son sens pour le senior atteint d’un deuil qu’il est contraint de supporter tandis qu’il doit mettre en place des stratégies pour éviter que sa peine ne se transforme en dépression.

Comme vous pouvez vous en douter, nous n’avons pas de recette universelle à vous donner devant cet immense choc émotionnel et chaque personne fait son deuil à sa manière, comme elle peut, comme elle sent. En revanche quelques conseils ou suggestions peuvent vous aider :

  • éviter, après la perte d’un être cher, d’avoir l’impression d’avoir commis une « trahison » ou d’être responsable. Trop souvent « le deuil est la mauvaise conscience du survivant ».
  • ne pas culpabiliser d’aller de l’avant, de penser que « le temps guérit toutes les blessures ».
  • accepter l’aide des autres -souvent maladroits- mais, « peine partagée diminue de moitié ». 
  • accepter de montrer ses émotions sans honte ; toutes les émotions sont permises : on peut les noyer dans les pleurs mais on a aussi le droit de rire, y compris pendant une phase de deuil.
  • ne ne pas s’isoler trop longtemps.
  • parler de la personne décédée  
  • accepter que le deuil n’a pas de calendrier, qu’il ne se limite pas à une durée concrète.
  • écrire son journal pour mettre de l’ordre dans ses pensées, exprimer ses émotions, évoquer ses souvenirs. (« se souvenir des belles choses »)

MÉLANCOLIE, JOKER DES POÈTES

En peuplant le néant, en théâtralisant son état d’âme, Baudelaire prend ses distances avec son mal-être et parvient à transformer le plomb du spleen –étymologiquement, « l’humeur noire »-, en or poétique, comme d’autres poètes du XIX ème siècle l’ont fait dont Gérard de Nerval, Oscar Wilde… 

Le terme de mélancolie, dont l’usage est très ancien, prend au xixe siècle une portée nouvelle pour la médecine mentale. Cependant, il est possible que certains débats, loin de converger vers une définition univoque de la mélancolie, contribuent au contraire à la distinction de plusieurs formes de mélancolies, ou encore de plusieurs variétés de dépressions. Au xxe siècle, une conception très large des dépressions est à la source des différentes tentatives d’organisation du champ dépressif. C’est dans cette perspective qu’on se demandera si l’usage renouvelé de la « vieille » notion d’humeur ne permet pas d’envisager différemment les rapports entre les épisodes dépressifs et les états mélancoliques.

Le xixe siècle et le début du xxe siècle sont marqués par de nombreux débats qui ont participé à élaborer une nosographie de la mélancolie.
Au xixe siècle, contrairement à aujourd’hui, le terme de dépression n’est pas utilisé. En revanche, le champ de la mélancolie est vaste. Outre le domaine de la médecine (depuis la Grèce antique), il y a aussi un champ littéraire et artistique qui donne à la mélancolie une profondeur et une réalité d’une autre nature. 

“La mélancolie est une maladie qui consiste à voir les choses comme elles sont.” Gérad de Nerval

 

 

Merci à  Lucien Chevalier, Kevin Krinonri, Monika Marimouttou et Stel, qui ont participé bénévolement à l’action menée par VIVE-LES-SENIORS.fr

 

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